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Le Limousin médiéval par Christian Bélingard

Voie limousine: Saint-Yrieix et Compostelle

Christian Bélingard

Saint-Yrieix-la-Perche, fondée par Arédius au VIème siècle, est située  le Chemin de Saint-Léonard au Périgord qui constitue un très ancien itinéraire de la voie de Vézelay ( ou via lemovicensis) menant à Saint-Jacques de Compostelle. Un certain nombre d'indices démontrent  que Saint-Yrieix était une ville accueillante pour les pèlerins et bien équipée pour les recevoir. La cité arédienne est en particulier dotée vers 1250 d'un hôpital sans doute construit à l'initiative du Chapitre. L'abbé Lecler précise en effet que le Grand Hopital ou Aumonerie de l'Hôtel Dieu existait en 1298 et qu'il fut rebâti en 1360. Il est certain que des pélerins de retour de Saint-Jacques de Compostelle s'y arrêtaient encore au XVIII° siècle . Situé au bord du Couchou, cet hôpital  est aujourd'hui en ruines.

 

 

porche roman       

                                              clocher-porche roman de la collégiale de St-Yrieix


Il faut ajouter l'existence à Saint-Yrieix  d'une église Saint-Jacques « située vers l'extrémité sud de la place de la Nation, à l'emplacement de l'ancienne sous-préfecture, alors partie de la place » . Au XVII° et XVIII° siècles cette église est encore connue comme église paroissiale. Or, comme l'a fort bien noté Mme Martine Tandeau de Marsac, il existait en Limousin au XII° siècle seulement onze paroisses dédiées à Saint-Jacques le Majeur ; « celles-ci sont surtout nombreuses près de la route de Bourges entre la Souterraine et Saint-Léonard. Il n'y a pas de paroisses à l'ouest de Limoges. » Cette observation tend donc à prouver que l'axe principal constitué par la voie issue de Vézelay passait bien non loin de Saint-Yrieix. Un grand cimetière est attesté en 1676 près de cette église anciennement titrée de Saint-Jacques et un certain Jean Dujardin « étant sur le point de faire le voyage de Galice » demande par testament à y être enterré . M. Louis Bournazel souligne à juste titre que ce cimetière riverain d'un axe fréquenté occupait au XVIII° siècle la majeure partie de la place dite à l'époque « de la Foire ». L'aspect encore bombé de l'actuelle place de la Nation est un indice qui confirme l'importance de ce lieu de culte . De toute évidence la paroisse que l'on connaît au XVIII° siècle était trop modeste pour justifier un cimetière de cette envergure.

En troisième lieu, la collégiale du Moustier, qui n'était probablement pas destinée à l'origine au culte paroissial ( on peut se référer par exemple à l'église de Saint-Léonard qui fut spécialement édifiée pour entretenir le culte du patron des prisonniers) date des XII° et XIII° siècles dans sa configuration actuelle. On peut observer que dans le transept Nord existait une vicairie de Sainte Madeleine où étaient déposées durant les Ostensions les reliques de Saint-Yrieix. Une autre vicairie avait par ailleurs était fondée à l'autel de Saint-Front. On peut raisonnablement penser que ces fondations ne furent pas sans rapport avec le passage des pèlerins qui suivaient la voie issue de Vézelay . Enfin la collégiale de Saint-Yrieix possédait une vicairie dans le transept sud de Saint Roch. Or, il faut savoir qu'à la fin du Moyen-Age et jusqu'au XIX° siècle, le culte de Saint-Roch se développe de façon notoire le plus souvent associé sur les chemins au culte de Saint-Jacques.

 

Enfin un document conservé par la bibliothèque nationale montre qu'un certain Guillaume de Royère était au XIVème siècle à la fois chanoine de Saint-Yrieix et de Burgos en Espagne, autre étape importante du Camino Francès. Le fait n'est d'ailleurs pas surprenant puisque l'abbaye de Tulle entrenait également des relations avec la péninsule ibérique et possédait des domaines notamment dans la région de Burgos.

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