Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Limousin médiéval par Christian Bélingard

Voie Limousine: le carrefour de la Rochette

Christian Bélingard

La via lemovicensis (ou voie limousine) est désignée sous cette appellation dans le Guide du Pélerin (XIIème siècle) qui sert toujours de référence pour le repérage des principales voies du pélerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Par ailleurs, le cadastre napoléonien conserve la trace d'un ancien chemin entre Saint-Léonard de Noblat et le Périgord. J'ai donc engagé des recherches en 1999 pour vérifier sur le terrain l'existence effective d'un ancien itinéraire qui pouvait permettre de relier directement Saint-Léonard de Noblat et Saint-Front de Périgueux, sans passer obligatoirement par Saint-Martial de Limoges ( abbaye qui n'est pas citée dans le Guide du Pélerin). Ces recherches ayant été concluantes,  je les ai exposées dans mon ouvrage "De Vézelay à Saint-Jacques de Compostelle" publié aux Editions Sud-Ouest en 2001.

 

la rochette   

La Rochette ( site de l'ancienne église)

 

 

Après Chateau-Chervix, le chemin de Saint-Léonard au Périgord traverse l'ancienne paroisse de la Rochette (1). Celle-ci fut réunie à Saint-Yrieix à la Révolution. La cavée de l’ancienne voie existe encore dans une parcelle non défrichée. La paroisse de La Rochette possédait, selon Lecler, une première église dés le VI° siècle qui aurait été construite par Arédius sur le lieu de son ermitage.  Mais certains y voient plutôt un lieu de culte construit par ce grand abbé de la période mérovingienne sur un carrefour important. D’autre part il existe à proximité un lieu appelé l’Oradour où une cuve baptismale a été retrouvée (il s’agit peut-être d’un vestige de l’époque mérovingienne où la toponymie atteste l’existence d’un oratoire).  La Rochette est devenue après l’an Mil une paroisse autonome et son patron était Saint-Eutrope de Saintes.

 

Une découverte particulièrement intéressante a été faite en 1958 par un agriculteur dans le grand cimetière de ce chef-lieu paroissial : il s’agit d’un monnaie espagnole identifiée par le Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale ( pièce de huit réaux frappée au Mexique entre 1557 et 1665). Cette monnaie, livrée par une sépulture pouvant dater au plus tard du XVIII° siècle, tend à prouver que La Rochette était bien située encore tardivement sur une voie de grande communication conduisant jusqu’en  Espagne . Il est en fait établi que la petite paroisse arédienne,  implantée dés l'origine sur un carrefour, connaissait déjà un passage important au XV° siècle.

 

 

duro-copy.gif    

monnaie du Royaume d'Espagne ( XVIème-XVIIème s.)

                                              

 

La preuve en est fournie par un procès dont les liasses ont été conservées dans les archives des Pyrénées Atlantiques . On y apprend que le Chapitre de Saint-Yrieix et les Vicomtes de Limoges revendiquaient  les droits de mesures et de plaçage dans le bourg de la Rochette. Un procès  a été instruit en 1456 pour départager les deux parties. C'est la preuve manifeste que le bourg de la Rochette était situé sur un chemin de grand passage. La présence de plusieurs tavernes parait probante à cet égard. Le carrefour de la Rochette restait encore important, au moins localement, au XVII° Siècle : un marché se tenait à cette époque sur la place du village. En quittant La Rochette le chemin passe un peu à l’écart de Saint-Yrieix-la Perche par Montluc où des vestiges romains en particulier prouvent l’antiquité de la voie empruntée.

 

Un village arédien sur la route de Compostelle, Christian Bélingard, Fanlac (1997)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :