RICHARD Ier CŒUR DE LION (1157-1199) roi d’Angleterre (1189-1199)
Fils d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine, duc d’Aquitaine dès l’âge de onze ans, Richard Cœur de Lion participe, avec son frère aîné Henri le Jeune, à la grande révolte de 1173-1174 contre Henri II, révolte soutenue par le roi de France Louis VII. Battu, il se soumet et aide son père à mater la rébellion des seigneurs aquitains en 1183. À la mort d’Henri le Jeune (1183), il devient l’héritier du trône . À nouveau en conflit avec son père, il prête hommage à Philippe Auguste pour toutes les possessions des Plantagenêts dans le royaume de France (1188) et participe aux côtés du Capétien à la campagne qui se termine par la défaite et la mort d’Henri II. Devenu roi, Richard se trouve face à son allié de la veille; mais, Jérusalem étant tombée entre les mains des infidèles, les deux souverains prennent la croix à la suite de l’empereur Frédéric Barberousse déjà parti pour la Terre sainte. Pour financer l’expédition, Richard puise dans le trésor laissé par son père et vend son indépendance à l’Écosse. Les deux rois quittent Vézelay en 1190 et hivernent en Sicile où Richard se conduit en maître. Avant d’arriver en Terre sainte, il enlève l’île de Chypre à Isaac Comnène et y épouse Bérengère de Navarre (mai 1191). Débarqué à Acre, il joue un rôle décisif dans la prise de la ville. Philippe Auguste étant alors rentré en France (août 1191), Richard reste le véritable chef de la troisième Croisade. À la tête d’une puissante armée, il remporte de brillantes victoires sur Saladin (Arsouf, 1191; Jaffa, 1192). Il force l’admiration de l’ennemi par ses prouesses, mais ne peut pénétrer trop longtemps à l’intérieur des terres sous peine de voir ses communications coupées. À deux reprises, il s’arrête à quelques kilomètres de Jérusalem. Pendant son absence, Philippe Auguste attaque la Normandie et traite avec Jean sans Terre, le dernier fils d’Henri II, qui s’est emparé de la régence. Richard signe une trêve avec Saladin (sept. 1192) qui laisse aux croisés le littoral de Tyr à Jaffa et la liberté de pèlerinage à Jérusalem, puis il s’embarque pour l’Occident. Après avoir fait naufrage près de Venise, il est capturé par le duc Léopold d’Autriche qu’il avait humilié en Orient et qui le livre à l’empereur Henri VI. Il n’est libéré qu’en février 1194 à des conditions très dures: une énorme rançon et la reconnaissance de la suzeraineté impériale sur l’Angleterre. Rentré dans son royaume, il se fait couronner une seconde fois et, au bout d’un mois, gagne la Normandie pour combattre Philippe Auguste. La guerre dure cinq ans; Richard met en défense la Normandie (construction de Château-Gaillard) et remporte des succès importants (Fréteval, 1194; Courcelles, 1198); une trêve imposée par le pape accorde un répit indispensable au Capétien en janvier 1199. Trois mois plus tard, Richard est tué à Châlus, dans le Limousin, en assiégeant le château du vicomte de Limoges, son vassal. Homme d’un caractère excessif, capable de larges générosités comme des pires violences, c’est avant tout un guerrier qui, à la différence de son père, méprise la paix. Chevalier accompli, d’un courage remarquable, Richard acquiert le surnom de Cœur de Lion en Terre sainte. Personnage de légende plus que grand souverain, prince aquitain plus que roi d’Angleterre, il ne passa que six mois de son règne dans son royaume.
( article tiré de l'Encyclopedia Universalis)
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