Shaizar la musulmane sur la route des Croisés
Sur la route des Croisés, Shaizar était située sur l'itinéraire emprunté par Raymond de Saint-Gilles lors de la première croisade ( l'armée du Comte de Toulouse était en particulier composée de nombreux chevaliers limousins). Ce site est encore de nos jours très pittoresque avec une magnifique noria installée sur la rivière Oronte où nous avons vu les enfants se baigner dans un décor paisible et reposant.
Noria sur l'Oronte à Shaizar, août 2010 (photo C.Bélingard)
L'Oronte, c'est ce cours d'eau tranquille que le neveu du prince de Shayzar, Ousâma Ibn Mounqidh, eut sous les yeux pendant toute son enfance dans un contexte beaucoup moins idyllique. Ce guerrier musulman était né à l'époque de la première croisade et il vit débarquer dans son village natal ces hordes de chevaliers francs contre lesquels il fut très jeune amené à combattre. Ousâma a laissé un témoignage écrit saisissant de ces affrontements vus pour une fois du côté des peuples envahis (1):
" Nous étions parvenus à une vallée, et nos mercenaires saccageaient allègrement les champs, lorsque se présentèrent environ cent-vingt Francs, moitié à cheval et moitié à pied. Nous pliâmes sous le choc et il se fit un grand tumulte dans les rangs de notre piétaille. La mort, à cet instant, m'apparut douce si je laissais périr tous ceux là qui m'étaient confiés. Je fis donc volte-face et trouvai devant moi un cavalier franc, qui s'était débarrassé de sa cuirasse pour avoir un peu plus d'aise dans ses mouvements. Frappé de ma lance en pleine poitrine, il vola raide mort de sa selle. Je reçus ensuite le choc de ses compagnons qui finirent par tourner la bride".
Shaizar ( photo C.Bélingard, août 2010)
La forteresse actuelle de Shaizar (2) est l'oeuvre de Nour ed-Din et elle fut restaurée au XIIIème siècle par le sultan mamelouk Baybars. Après le départ des croisés, la ville perdit son rôle de place militaire et retrouva tout son calme jusqu'à la deuxième guerre mondiale.
(1) Ousama, un prince syrien face aux croisés, par André Miquel ( Fayard, 1986)