Pampelune et la trace de Saint-Martial
Les pèlerins de la Via Lemovicencis devaient être nombreux à s'arrêter à Pampelune, capitale du royaume de Navarre. Sur le grand chemin de Compostelle, passé Roncevaux, c'était la dernière ville importante avant le carrefour de Puente la Reina où la via Tolosana rejoignait les vias Turonensis, Lemovicensis et Podiensis elles-mêmes réunies en un seul et même chemin depuis Ostabat. Les routiers entraient par le pont de la Magdalena, en franchissant l'Arga. Là, à l'entrée de la cité, ceux qui portaient la coquille pouvaient s'arrêter à l'Hospital de la Magdalena.
cloître de la cathédrale de Pampelune
Parmi ces pèlerins, ceux qui venaient de la province de Limoges devaient se rendre avec beaucoup de dévotion jusqu'à la cathédrale, implantée dans le quartier de la Navarreria, avec un cloître remarquable où ils pouvaient découvrir un portail sculpté représentant, notamment, le bas-relief de la Cène avec un petit personnage présentant un poisson. C'était en l'occurence Saint-Martial que l'on trouve ainsi représenté en Périgord, en Limousin, en Bourgogne, dans la région de Toulouse. Le premier évêque de Limoges passait en effet dans ces régions comme celui qui avait tenu le rôle de "maitre d'hôtel de la Sainte Cène." (1) ou bien qui présentait les pains et les poissons lors du sermon sur la montagne.
cathédale de Pampelune
Cette tradition est encore vivace au XVème siècle à l'abbaye Saint-Martial de Limoges. Une miniature orne une procuration donnée le 28 juin 1481 à Etienne de Lagarde, cellerier de l'abbaye par l'abbé Jacques Jouviond. Il s'agit alors de percevoir dans la péninsule ibérique divers dons et revenus qui seront utiles à l'entretien du monastère. Ce qui montre, au passage les liens qui existaient entre le Limousin et l'Espagne encore à cette époque. A une date bien antérieure, l'implantation de colons français à Pampelune est prouvée sous le règne d'Alphonse VII (1126-1157) dans le bourg de San Cernin, puis vers la fin du XIIème siècle dans un autre bourg franc, San Nicolas. On peut concevoir que des limousins en firent partie, compte tenu des liens privilégiés qui s'étaient établis de part et d'autre des Pyrénées, à la faveur des pèlerinages.
(1) Jean Secret, Saint-Jacques et les Chemins de Compostelle, p 56