Goulfier de Lastours, le Chevalier au Lion
Goulfier de Lastours était seigneur de Lastours, en Limousin, près de Nexon. Son départ pour la 1ère croisade est attesté en 1096, d’après les chroniques de Grandmont. Selon Geoffroy de Vigeois, il se distingua par ses exploits militaires durant la Guerre Sainte, surtout devant la ville de Marrah.
pierre tombale, Le Chalard, XII-XIIIème siècle
« Cet homme, digne de mémoire, dirigeait de fréquentes attaques contre les ennemis, auxquels il faisait subir continuellement de grandes pertes. Or il arriva qu’un jour, il entendit les rugissements d’un lion qu’un serpent avait enlacé de ses replis monstrueux. Goulfier s’approche hardiment, découpe en tronçons le corps du reptile, et délivre le lion. Chose étonnante ! le lion, se souvenant du bienfait qu’il avait reçu, le suivait comme un chien fidèle. Pendant tout ce temps que Goulfier demeura dans la Terre Sainte, ce lion ne le quitta jamais, et lui procura de grands avantages, soit à la chasse, soit dans les combats. Il le pourvoyait abondamment de venaison, et d’un bond rapide, terrassait les ennemis de son maître. Quand le chevalier s’embarqua pour retourner dans son pays, le lion ne voulut pas le quitter ; et, comme les matelots, craignant la cruauté de cet animal, refusaient de le recevoir dans le navire, il suivit son maître à la nage, jusqu’à ce que, épuisé de fatigue, il disparut au milieu des flots».
Bnf, Français 9084, Départ pour la première croisade
"comment Godefroy de Buillon va en la sainte terre et passe par Constantinoble"
auteur guillaume de tyr, origine : Acre, 13ème siècle
Cette belle légende pourrait avoir été imaginée à partir des dessins que l’on voit gravés sur la tombe dite de Goulfier de Lastours, conservée au Chalard (Haute-Vienne). Un chevalier tenant un écu orné de trois tours et de fleurs de lys serait l’illustre Goulfier aux côtés de sa femme, Agnès d’Aubusson. A ses pieds est représenté probablement le lion de la légende ( notez qu'il est représenté par un chien puisque la légende veut qu'il suivait son maître "comme un chien fidèle"). Chrétien de Troyes a repris le thème. Un chercheur périgourdin, Jean-François Gareyte, a confirmé par ses travaux récents qu’une version « occitane » de cette légende avait bel et bien été relatée antérieurement à celle de Chrétien de Troyes, rédigée en langue d’oïl. Voir le reportage sur ce blog (ci-contre)