1ère croisade: de Limoges à Constantinople (3)
En prêchant la croisade d'abord à Clermont, puis ensuite à Limoges ( Noël 1095), le pape avait exhorté les fidèles à délivrer le Saint-Sépulcre , mais aussi à porter secours à leurs frères d'Orient, victimes des sévices des Musulmans. Alors que tout l'Occident ou presque rapliquait, armé jusqu'aux dents, vers son territoire, l'empereur byzantin, Alexis 1er Comnène, était inquiet. Il craignait fort que la somptueuse capitale de son empire, la prestigieuse Byzance ou Constantinople (1), ne soit pillée par les Croisés. Lorsqu'il apprit que les troupes de Raymond IV, dont le contigent limousin faisait toujours partie, se livraient à des exactions dans les Balkans, il expédia des troupes de mercenaires qui se heurtèrent aux hommes du Comte de Toulouse et y perdirent des soldats.
( Bnf, Français 5594)
Le comte de Toulouse pensait qu'il était le seul à pouvoir diriger la croisade. Son expérience contre les Maures ( Reconquista en Espagne) plaidait en sa faveur. De surcroît, il était accompagné du légat du pape, Adhémar de Monteil, évêque du Puy. L'empereur Alexis le tint pour un homme plus civilisé que les autres chefs croisés. Cependant Raymond refusa de prêter serment à l'empereur ( au prétexte qu'Adhémar avait été blessé par les Serbes et qu'il avait du prolonger son séjour à Thessalonique). Il accepta un serment dans lequel il s'engageait à respecter la vie et l'honneur du "Basileus" et à ne rien tenter contre lui. Alexis dut se satisfaire de cet accord. Les relations entre Raymond IV et Alexis furent cependant des plus cordiales par la suite. L'empereur chercha d'ailleurs à opposer le comte de Toulouse à Bohémond dont les ambitions menacèrent très vite certains de ses territoires.
Voilà donc, en résumé, comment le contingent limousin, dans le sillage du comte de Toulouse parvint à s'établir au printemps 1097 au seuil de l'Asie Mineure. C'était déjà une belle prouesse que d'avoir pu parcourir en guère plus de six mois une distance aussi longue entre le pays de Limoges et les rives du Bosphore, en empruntant exclusivement la voie terrestre. Et les exploits les plus prodigieux étaient à venir...
(1) En 330 après JC, l'empereur romain Constantin 1er établit à Byzance, sur le Bosphore, entre l'Europe et l'Asie, une nouvelle capitale baptisée "Nouvelle Rome". La cité sera un peu plus tard appelée Constantinopolis, ce qui veut dire ville de Constantin en grec (Constantinople en français).