Un Ost à Saint-Yrieix (1316-1317)
Du latin hostis, exercitus, l’Ost désigne une Armée. C’est à l’origine une grande expédition militaire ayant pour but général d’aller contre l'ennemi. Ce fut un service militaire dû au roi, puis au seigneur. A l'époque féodale, l’Ost a pu prendre la forme d'un service bref, appelé chevauchée. Aux temps féodaux, le service d'ost, devenu l'une des principales obligations vassaliques, est variable selon les coutumes. Il était généralement limité à 40 jours par an.
Le 24 août 1317, un Ost est levé par le vicomte de Limoges pour aller piller Saint-Yrieix où se tiennent des foires réputées. En fait cette petite ville est gouvernée par un Chapitre de chanoines qui ont conclu avec Philippe le Bel, roi de France, un pariage en 1307, permettant à la seigneurie ecclésiastique de mieux faire face aux ambitions des Vicomtes de Limoges qui veulent continuer à s’arroger un certain nombre de bénéfices et de privilèges. Mais en 1316 et 1317, ce n’est rien de dire que le torchon brûle entre le Vicomte Gui VII et le Chapitre de Saint-Yrieix. Une armée de six ou sept cents hommes est rapidement levée par les gens du vicomte pour s’en prendre notamment aux sergents du pariage qui se voient confisquer « leurs verges et leurs épées ». Le 25 juillet 1316 une première incursion dans la foire est mentionnée dans un parchemin conservé par les archives départementales des Basses-Pyrénées. Il est fait état de violences et d’excès sans autre précision. Les 8 et 9 août da la même année, le vicomte en personne pénètre dans Saint-Yrieix et prend possession de la « tour devant l’église » et ses soldats arrachent la bannière royale qui flotte sur l’édifice depuis le traité de pariage. Il s’agit de la Tour du Plô que l’on peut voir encore dans la ville. En 1317, des violences ont également lieu dans la cité arédienne, provoquées une fois encore par l’armée vicomtale. Le 24 août, jour de la Saint-Barthélémy, les gens du vicomte envahissent Saint-Yrieix, « volent et maltraitent marchands et habitants , incendient quelques maisons et blessent des chanoines ». (1)
Le rôle rédigé par les Chanoines quelques années plus tard apporte des renseignements sur la composition de cet Ost qui comptait environ sept cent personnes. Environ seize hommes portent le titrent de « chevaliers » auquel il faut adjoindre une douzaine d’officiers ( sergents). Six soldats venus de Limoges portent le titre d’arbalétriers. La plupart des participants à l’Ost ont été recrutés dans des localités voisines dont certaines possèdent des forteresses : Génis, Hautefort, Masseret, Eyjaux. Ils sont le plus souvent localisés dans le Périgord, aux confins méridionnaux de la Vicomté de Limoges.
Il faut enfin ajouter que la participation du vicomte Gui VII à ces exactions de 1317 n’est qu’hypothétique, celui-ci n’étant pas nommé dans le document.
(1) Un conflit de trois siècles entre le chapitre de Saint-Yrieix et les vicomtes de Limoges, par Jean-Pierre Thuillat, 1992 (thèse)