Satan sur le chemin de Saint-Jacques (en Galice)
La lecture du Liber Sancti Jacobi (Livre I, chapitre XVII) est précieuse, non seulement pour connaître les chemins empruntés par les pèlerins, la géographie et les coutumes des régions traversées, mais encore pour découvrir les moeurs qui, à toute époque, révèlent les petites ou grandes faiblesses de la nature humaine. Le rédacteur de ce "guide" écrit au XIIème siècle fustige les écarts de conduite qui menacent les routiers, particulièrement lorsqu'ils traversent la Galice et préconise des représailles cruelles: " les servantes des hôteliers du chemin de Saint-Jacques qui, par goût de séduction, et aussi, pour se faire un peu d'argent, se mettent, pendant la nuit, dans le lit des pèlerins, inspirées par le diable, sont blâmables. Les prostituées, qui pour la même raison, vont à la rencontre des pèlerins dans des lieux sauvages entre Portomarin et Palas de Rei, non seulement doivent être excommuniées mais aussi dépouillées de tout et exposées, après leur avoir coupé le nez, au blâme public".
Scultpure romane exposée au Musée de Burgos
Origine: église Santa Dorotea de Cigüenza
Certaines sculptures observées sur des chapiteaux romans, notament celle qui est exposée de nos jours au Musée de Burgos et qui provient d'une église située un peu à l'écart du Camino Frances, avaient cependant échappé à la censure religieuse. A moins qu'elles ne fûssent mises en évidence pour mieux stigmatiser la luxure. Par précaution, l'auteur du Liber Sancti Jacobi prend soin de préciser que les pèlerins qui arrivaient à Labacolla ( à proximité de Santiago) faisaient leurs ablutions dans la rivière "Lavamentula". A cet endroit, écrit Aimery Picaud, "les pèlerins de France allant à Saint-Jacques, ont coutume, par amour de l'apôtre, de s'y laver non seulement partiellement, mais aussi d'y purifier leur corps tout entier de ses souillures, après s'être dépouillés de leurs vêtements". (1)
(1) Le guide du pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle, Jeanne Viellard, Paris 1990, p17