Orbigo et les ponts du Camino Frances
Souvenir personnel: le 22 mai 1996, vers 10h du matin, je traversais le pont d'Orbigo, une des merveilles routières du Camino Frances. Cet ouvrage comptait au Moyen-Age de nombreuses arches et mesurait deux-cent-quatre mètres de longueur. La ville où il fut bâti avait été fondée dans la seconde moitié du XIIème siècle. Un hospice de pèlerins (Hospital de Orbigo) et une église furent édifiés en ce lieu. La chapelle des pèlerins revint à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en en 1184.
l'auteur de "Limousin Medieval" sur le Pont d'Orbigo
(22 mai 1996, photo/B. Becuwe)
C'est sur le pont d'Orbigo que le dénommé Suero de Quiñones imagina un incroyable défi au cours de l'année jubilaire 1434. Ce chevalier appartenait à la plus puissante famille des Asturies et de Leon. Agé seulement de 25 ans, il désira faire un cadeau de rupture à sa Dulcinée. Il se mit à défier, avec d'autres compagnons, tout chevalier qui oserait traverser le pont. Le premier combat, en présence du roi, opposa Don Suero à un chevalier allemand. On a vu dans cette histoire la tradition des Pas d'Armes qui se multiplièrent vers la fin du Moyen-Age. On y retrouve des thèmes évoqués dans les légendes arthuriennes et celtiques ( voir cet article ).
le Pont d'Orbigo ( photo B.Becuwe, 22 mai 1996)
Tout au long du Camino Frances, les ponts comme celui d'Hospital d'Orbigo jalonnent depuis longtemps le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Le roi de Castille Alphonse VI (1065-1109) ordonna en 1076 la restauration de tous les ponts de Logroño jusqu'à Santiago. Un acte inséré dans le "Recueil des Chartes de Cluny" relatif au monastère Saint-Zoïle de Carrion cite le pont de cette ville et "la chaussée qui conduit à Saint-Jacques apôtre". (1) On ne peut mieux démontrer l'importance du Camino Frances aux yeux des rois catholiques de la péninsule ibérique et leur empresssement à rendre le voyage plus sûr et plus confortable aux pèlerinsqui s'en allaient suivre l'étoile jusqu'en Galice...
(1) Raymond Oursel, Pèlerins du Moyen Age, Fayard (1995) p 147