Marqab: les actes héroïques des Hospitaliers (128O-1281)
La gigantesque citadelle de Marqab ( ou Margat) permit aux Hospitaliers de résister avec beaucoup de vaillance dans des circonstances qui forcent l'admiration. A l'automne 1280 les Mongols avaient envahi le Nord de la Syrie où ils firent règner la terreur par des pillages répétés. Les Hospitaliers, basés dans le château, purent s'aventurer dans la région, profitant du désordre créé par les Mongols, et réunirent eux-mêmes un important butin. Ils furent poursuivis par plusieurs milliers de cavaliers Turcomans mais parvinrent, avec seulement 200 hommes, à leur échapper et à regagner Markab. Un peu plus tard, le sultan qui avait établi son camp au krak des Chevaliers, essaya une expédition qui se solda par un nouvel échec face aux Hospitaliers (février 1281).
muraille de Marqab (photo C Bélingard)
C'est à cette époque qu'il y eut probablement, dans la grande salle d'apparat de la forteresse de Marqab, une rencontre entre les Hospitaliers d'une part et des émissaires envoyés par les Mongols d'autre part. A cette date la menace de l'envahisseur venus d'Asie se précisait, tandis que des querelles intestines divisaient le camp musulman. Finalement le sultan d'Egypte ( Malek el Mansour Kalavoun) et l'émir de Damas (Sonkor el Achkar) trouvèrent un accord en juin 1281.
Les archers mongols (à gauche) fuient devant les Mamelouks (à droite)
"Histoire des Tartares", Hayton of Coricos, 14th century, Bibliotheque Nationale de France
Ce traité était conclu sous forme de trêve par les Hospitaliers et le comte de Tripoli. Malek el Mansour Kalavoun ratifia celui-ci pour une durée de dix ans, dix mois, dix semaines et dix jours. Fort de ces tractations, le sultan fit marcher ses troupes contre les Mongols et remporta une victoire relative près de Homs(30 octobre 1281). Mais le climat politique restait tendu, le péril Mongol omniprésent et le grand maître des Hospitaliers, conscient du danger; en appela sans succès au roi d'Angleterre pour obtenir du secours. Une disette terrible et une sècheresse persisante finissaient d'accabler la population. (1)
(1) Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310) par Joseph Delaville Le Roulx