Les Rois Mages: du Limousin à l’Oural
Dans la ferveur religieuse du Moyen-Age, les moines de l’abbaye Saint-Martial de Limoges, passés maîtres dans la fabrication des émaux champlevés, ont réussi par leur génie à fixer sur des plaques de cuivre de fabuleuses images de cette chevauchée fantastique. Et grâce notamment à ces artisans limousins experts dans les arts du feu, Melchior, Gaspard et Balthazar continuent à traverser la nuit des temps.
Deux exemples nous sont fournis aujourd’hui encore à plusieurs milliers de kilomètres de distance l’un de l’autre. A Laval-sur-Luzège, dans la Corrèze, une superbe châsse de la fin du XIIIème siècle représente les Mages à cheval qui reçoivent du roi Hérode, assis sur un trône, l'ordre de partir à la recherche du Messie. Au toit, les Mages s'agenouillent devant la Vierge assise, tenant l'Enfant sur son genou.
Châsse conservée à Saint-Petersbourg
A Saint-Pétersbourg, en Russie, le Musée de l’Ermitage conserve une autre châsse médiévale historiée des Rois Mages et de Sainte-Valérie. C’est une des plus anciennes (1170-1180) et des plus remarquables qui aient été fabriquées sur ce thème par les ateliers de Limoges. La spécialiste du sujet, Marie-Madeleine Gauthier a estimé que « cette châsse inaugure le thème iconographique favori des ateliers limousins : le parallèle sacré entre la vie du Seigneur incarné et la vie d’un Saint ». On y voit notamment les trois rois très richement vêtus qui s’avancent vers la Vierge et l’Enfant. On ignore cependant à quelle église limousine cette châsse était destinée à l’origine. Elle fut repérée dans une collection à Amiens avant 1866 puis fut finalement revendue quelques années plus tard au Tsar de Russie Alexandre III pour son palais de l’Ermitage.
Les Évangiles n’indiquent pas le nombre de rois mages. Mais le chiffre de trois a été finalement retenu, parce que l’Évangile de saint Matthieu évoquait trois présents offerts à l’Enfant Dieu. D’autre part les reliques des mages, conservées d’abord à Saint-Eustorge de Milan puis à Cologne, étaient celles de trois corps. C’est d’ailleurs ce nombre que l’on retrouve sur une broderie conservée au musée de Tulle et datée des XIIIème-XIVème siècles.