Les Moines du Chalard, sous la gouttière, depuis mille ans
Sous d’étranges pierres tombales ornées de signes plus ou moins identifiables, les « Moines » du village du Chalard ( Haute-Vienne) dorment leur sommeil, depuis bientôt mille ans, dans la paix éternelle. Singulier alignement de pierres taillées, les unes plates, les autres « en relief ». C’est une des curiosités de ce site exceptionnel, peu connu en France, qui a gardé ces vestiges romans presque intacts. Certaines tombes ont été complétées ultérieurement d’une stèle verticale ou d’une croix en fer forgé. Mais toutes méritent une attention particulière.
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.
Charles Baudelaire
Le cimetière médiéval du Chalard est situé au chevet d’une église du XIème siècle, et fut implanté conformément à la tradition qui voulait que les tombes soient placées « sous la gouttière », c’est-à-dire au bord du toit de l’édifice sacré, si bien qu’elles étaient censées être arrosées, à chaque pluie, d’eau bénite.
Toutes ces tombes sont taillées dans le granit. Elles ont été datées, pour les plus anciennes d’entre elles, du XIIème siècle. Les plus typiques sont réalisées en forme d’église. D'autres, de forme plate, laissent deviner l’activité du défunt. Ainsi peut-on reconnaître ici la hache du bûcheron, là la navette du tisserand, ou encore le marteau du forgeron.
Le village, occupé à la fin de la guerre de Cent Ans par les partisans de l’Angleterre, vaut le détour. L'église romane mérite, en premier lieu, une visite complète et détaillée, son histoire et celle de son fondateur, Saint Geoffroy, seront évoquées sur ce blog dans de prochains articles.
On peut découvrir aussi au Chalard « la Maison des Anglais », avec une curieuse architecture où se mêlent les styles roman et gothique : portes et fenêtres en arc brisé, baies géminées, arceaux et fresques. Son nom évoque sans doute l’occupation qui dura trois ans de 1419 à 1421.
Au bord de la rivière qui coule en contrebas du village, le pont de La Tour ( à proximité d’un château en ruines du XVème siècle) est équipé d’avant-becs en arc brisé et il constitue la limite entre le Limousin et le Périgord.
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