La prise de Jérusalem (1099)
Mai 1099. Après avoir bien négocié des passages difficiles le long de la côte libanaise, les Croisés continuèrent à avancer en forçant de nombreuse villes à se rendre sans combat, moyennant rançon des princes "païens". Tripoli, Djebail ( Gibelet), Beyrouth, Sidon, Tyr, Acre et Césarée furent dans ce cas. Les chevaliers restés à Antioche rallièrent l'armée et la la flotte chrétienne suivait le mouvement, le long de la côte. Les croisés, arrivant donc en force, libérèrent d'abord Bethléem le 7 juin 1099 et les chrétiens de cette ville leur firent la fête (1).
Raymond de Turenne, toujours aux côtés de Raymond Pilet, s'illustra encore en mettant de nouveau en fuite, comme ils l'avaient fait près de Tripoli, un peloton de "deux ou trois cents arabes" (2). Ils capturèrent des chevaux qui servirent précieusement pour la suite des événements. Car le 13 juin, les croisés donnèrent un premier assaut à Jérusalem. La ville, dotée d'une enceinte fortifiée, fut attaquée par le front occidental. La tour de David en constituait le point fort.
La résistance des musulmans fut des plus tenaces, selon les chroniqueurs. L'ordre avait été donné d'empoisonner les puits et lors de ce premier assaut on manqua... d'échelles et aussi d'eau potable. Il fallut envoyer des corvées jusqu'au Jourdain pour se ravitailler. La chaleur et la soif font partie des fléaux que décrivent les textes de l'époque. Ces premiers combats à Jérusalem firent beaucoup de morts de part et d'autre, dans des combats individuels, corps à corps.
Les croisés prenant d'assaut Jérusalem,
miniature deSébastien Mamerot,1490, Ms fr., no. 5594,
fol. 88, Bibliothèque Nationale, Paris. (3)
Des secours arrivèrent alors par la mer. Deux galères génoises débarquèrent à Jaffa notamment des munitions et des vivres, ainsi que "le bois de leurs navires". Les croisés s'en procurèrent aussi dans les montagnes, et en Samarie. Ils purent organiser un siège dans les règles de l'art, avec des tours de bois et des catapultes. L'assaut final fut donné du 13 au 15 juillet ( la date avait été choisie après une "apparition du légat Adhémar" selon Jean Richard). Une tour roulante, où se trouvait deux princes chrétiens ( Godefroy et Eustache de Boulogne) fut avancée près d'un mur, et grâce à une passerelle, puis aussi à des échelles, les croisés envahirent la ville de toutes parts. L'attaque s'était produite cette fois du côté oriental de la ville.
Les combats furent extrêmement sanglants et des dizaines de milliers de musulmans tentèrent de se réfugier dans la mosquée al-Aqsa. Une image empruntée au texte de l'Apocalypse a été choisie par le chroniqueur du Comte de Toulouse ( Raymond d'Aguilers) où il est question "du sang montant jusqu'au frein des chevaux". La tour de David résista encore quelques heures, et le gouverneur Iftikhâr al-Dawla, finit par capituler. Raymond de Toulouse se distingua en tenant sa promesse de reconduire le prince ennemi avec ses hommes jusqu'à Ascalon. On parle aussi d'incendie d'une synagogue avec ses occupants, mais par ailleurs l'historien Jean Richard cite également le cas de juits amenés sous escorte à Ascalon où ils furent pris en charge par leurs coreligionnaires d'Egypte. Enfin il est établi, selon le même auteur, que"les Francs avaient respecté les femmes" (1).
Les pélerins s'empressèrent d'aller vénérer le Saint-Sépulcre et de rendre grâce pour leur victoire. C'était le vendredi 15 juillet 1099. Quelques semaines plus tard, les croisés affrontaient encore les Egyptiens avancés jusqu'à Ascalon. Ce fut une nouvelle victoire qui termina avec panache pour les chrétiens la première croisade.
(1) Jean Richard, Histoire des croisades, Fayard, 1996
(2) Abbé Arbellot, les chevaliers limousins à la première croisade, Paris, 1881
(3) Les croisades ( site de Marc Carrié, Sherbrooke, Canada)