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Le Limousin médiéval par Christian Bélingard

La bataille des "Gonfanons" (1163)

Christian Bélingard

Parmi les très nombreux faits d'armes, batailles et expéditions qui ont eu pour cadre le krak des Chevaliers en Syrie, il y eut cet affrontement resté célèbre sous le nom de "bataille des Gonfanons". Cet épisode est connu également sous le nom de bataille de la Bocquée ( plaine située au pied de la forteresse). En 1163, les Croisés occupent ce territoire conquis par Raymond de Saint-Gilles et ses "provençaux" qui est devenu le Comté de Tripoli. Mais un grand chef de guerre musulman, Nour ed Din, veut s'attaquer au Krak et il rassemble au pied du chateau-fort toutes ses troupes.

 

vue générale krak

la région du krak des Chevaliers ( août 2010)

 

La description  de cette bataille par le chroniqueur musulman Ibn-Alatir (1) montre l'importance de la victoire remportée ce jour là par les Croisés: "Noureddin, ayant rassemblé ses troupes, pénétra dans les provinces chrétiennes, et vint dresser son camp à la Bocaia , au pied du château des Curdes. Son dessein était de faire le siège de cette forteresse, et de se porter ensuite contre la ville de Tripoli, dont il desirait s'emparer. Un jour, vers le midi, tandis que les soldats étaient sous la tente, on aperçut tout-à-coup des croix qui s'élevaient du haut de la montagne où était le château. En effet, les Francs ayant reuni toutes leurs forces, avaient resolu de fondre à l'improviste et en plein jour sur l'armée musulmane. Au moment fixé, ils n'attendirent pas l'arrivée de leur arrière-garde, et mirent tout de suite l'épée à la main. Comme les musulmans ne s'attendaient pas à cette attaque , les troupes les plus avancées se trouvèrent hors d'état de résister, et envoyèrent avertir Noureddin de ce qui se passait. Mais, pendant ce temps, les Francs atteignirent les avant-postes et les firent plier. Leur marche fut si rapide, qu'ils arrivèrent en même temps que les fuyards jusqu'au quartier de Noureddin. Les musulmans n'eurent pas même le temps de monter à cheval et de se revêtir de leurs armes, et furent, les uns massacrés , les autres faits prisonniers."

 

fresque

fresque romane de Cressac (Charente)

 

Le chroniqueur Guillaume de Tyr a rapidement évoqué de son côté cet épisode, ne prenant pas toute la dimension du désastre qui résultait pour les Musulmans de cette initiative avortée. Cependant, il semble bien que cet épisode glorieux pour les Croisés ait été immortalisé dans une modeste église des Templiers située à Cressac, en Charente. On peut en effet toujours y voir une peinture murale saisissante qui représente probablement la bataille des "Gonfanons". L'armée des croisés comprenait en effet un contingent de chevaliers de l'Angoumois et du Poitou ( dont le comte Guillaume Taillefer IV, Geoffroy Martel, et Hugues le Brun, sire de Lusignan). Si le Krak des Chevaliers avait bien été confié aux hospitaliers par Raymond de Toulouse, il semblerait donc que les templiers aient participé à leurs côtés à cette prestigieuse bataille des Gonfanons (2).

 

  localiser le krak des chevaliers

 

(1) Bibliothèque des Croisades, Volume 4 par Joseph-François Michaud, Joseph Toussaint Reinaud, p110

(2) Au Moyen-Age, on appelait gonfalon ou gonfanon une espèce de bannière qui était ornée de plusieurs pendants ou fanons ( encyclopédie Quillet, 1934)

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