Bosra: la vengeance de Saladin (1187)
Bosra, située au sud de Damas (Syrie) fut la première ville byzantine conquise par les Arabes en 634. Mahomet y aurait été accueilli par un moine chrétien qui lui aurait prédit une grande destinée. La cité se couvrit rapidement de mosquées. Les Ayyoubides (dynastie musulmane fondée par Saladin) décidèrent de protéger cette ville directement rattachée à Damas. Ils transformèrent ainsi le théâtre romain en citadelle
(1202-1251) pour empêcher les Croisés de s’en emparer. L’enjeu était considérable car la population de Damas s’approvisionnait grâce aux plaines fertiles de Bosra qui constituait un véritable « grenier à blé » pour la capitale syrienne.
théâtre romain de Bosra ( Syrie) photo: C.Bélingard, août 2010
La visite des lieux est encore de nos jours tout à fait fascinante. C’est sans doute l’un des théâtres antiques les mieux conservés au monde grâce précisément aux fortifications qui l’ont entouré depuis l’époque médiévale. Parmi les faits les plus connus qui remontent à l’époque des Croisades- jamais les Francs ne purent s’emparer de Bosra- il faut citer les démêlés d’un célèbre chevalier particulièrement perfide, Renaud de Châtillon avec Saladin en personne.
détail de la citadelle de Bosra (photo C.Bélingard, août 2010)
Renaud, qui est appelé le « prince de Carac » par les historiens arabes, s’attaquait systématiquement aux caravanes qui transitaient par Bosra pour se rendre de Syrie en Egypte. Saladin avait attaqué plusieurs fois la forteresse de Renaud ( située dans l’actuelle Jordanie près de Petra). Renaud avait fini par s’humilier auprès de Saladin en réclamant la paix et l’avait obtenue sous condition de ne plus s’attaquer aux caravanes. Renaud ne respecta pas cet engagement et Saladin jura de le mettre à mort.
En 1187, le chef musulman apprit que Renaud projetait de s’attaquer aux pèlerins de la Mecque et de les enlever, avant de se rendre à la rencontre de l’armée d’Egypte (1). Il s’avança alors vers Bosra pour empêcher Renaud de réaliser son projet et le força à rester retranché dans sa propre forteresse de Carac.
(1) Histoire des Croisades, volume7, par Joseph Fr. Michaud (1822)